Immortalisés par leur arrivée dans Super Smash Bros., les Ice Climbers sont à l'origine les personnages principaux de ce platformer qui ne paye pas de mine en soi, et qu'on idôlatrerait bien à tort si ce n'était pour son statut étrangement culte.
Dans ce jeu, vous devrez braver bien des périls à l'aide de votre fidèle maillet et de vos bonds surhumains pour gravir une montagne et en atteindre le sommet. On est bien loin de Celeste cependant, car si la difficulté reste en tout cas au rendez-vous, ses raisons ne sont ici peut-être pas aussi bonnes : votre personnage saute haut, oui, mais sur toutes les autres attitudes corporelles, on a plus l'impression de jouer un boulet de service qu'un alpiniste surentraîné. De fait, la physique des sauts est dégueulasse : vous glisserez au moindre déplacement près des bords, tomberez comme une pierre à chaque jump sans avoir la possibilité de vous déplacer en l'air, et passerez outrageusement à travers de nombreux sols. Bref, c'est possible de faire plus précis.
Ces contrôles calamiteux ne sont pas aidés par la parfaite monotonie des niveaux ; le level-design est cruellement vertical et peu inspiré : vous passerez votre temps à sauter sur place, à faire des petits trous dans le sol pour passer à l'étage suivant, à recommencer, à taper si besoin les ennemis sur votre chemin, et à tomber après avoir répété cinq cent fois la même rengaine. Tl;dr, on se fait vite chier, en solo du moins : à deux, la séance d'escalade barbante se transforme en course d'escalade de chaque montagne, à force de « qui arrivera au sommet du stage bonus et parviendra à s'agripper aux serres du faucon géant, tout en ayant gagné le plus haut score en tapant sur le plus grand nombre d'ennemis ? » — en gros. Dans cette mesure, les trente-deux niveaux du jeu, bien que pas très diversifiés, rempliront déjà bien leur fonction qui est de varier les plaisirs.
Pour ce qui est de la bande-son, malgré sa discrétion, autant en parler au vu de sa grande inégalité : si le thème de l'écran titre ainsi que le jingle de fin de niveau s'avèrent fort mémorables de par leur côté jazzy bizarrement entraînant, l'espèce de boucle de dix secondes faisant office de fond musical aux niveaux tapera très vite sur le système à cause de son agaçante répétitivité. Pas de quoi cracher dans la soupe, cependant, tant vous pourrez très bien juste couper le son si vous perdez patience.
Bilan de cette review : en effet, c'est pas glorieux. Ice Climber jouit d'une postérité peu légitime, portant moins sur sa qualité intrinsèque que sur son statut de jeu ambassadeur — allez savoir pourquoi, Big N adore rééditer ce jeu à toutes les occasions ! Est-ce une raison pour le haïr ? Bien sûr que non. Si j'ai jadis pu être très véhément concernant mon avis sur ce jeu, ce dernier n'en reste pas moins un classique du début de la NES : amoché par les affres du temps, mais conservant sous Tupperware ce charme inpérissable. Et à deux c'est mieux, il n'y a aucun doute là-dessus.